Le
11 avril, à Bègles en Gironde, a été inauguré, en présence d’Alain
Juppé, président de Bordeaux Métropole, maire de Bordeaux et ancien
Premier Ministre, le premier site expérimental français instrumenté
dédié aux zones de rejet végétalisées. L’enjeu de ce premier site
expérimental est d’évaluer l’efficacité de dépollution de ces
aménagements à proximité des stations d’épuration pour améliorer la
qualité des eaux restituées au milieu naturel. Financé par Bordeaux
Métropole, l’Agence de l’eau Adour-Garonne et l’ONEMA, le site et son
instrumentation ont été conçus selon les recommandations d’IRSTEA.
Les
ZRV sont des aménagements qui visent notamment à réduire les polluants
qui subsistent dans l’eau à la sortie des stations d’épuration.
Des
dispositifs en plein développement – on en compte aujourd’hui plus de
500 en France – et pourtant mal connus du point de vue de leur
fonctionnement. "Jusqu’à présent, les ZRV étaient mises en place
selon l’espace disponible, sans que leur dimensionnement ne soit relié à
l’efficacité visée", explique Jean-Marc Choubert, chercheur à
IRSTEA. Dans ce contexte, IRSTEA doté d’une expertise de près de dix ans
et l’ONEMA ont lancé le projet de site expérimental dédié à l’étude des
ZRV avec pour objectifs de mieux connaître les mécanismes de
dépollution mis en œuvre en surface et dans le sol afin d’évaluer leur
efficacité. Implanté à Bègles à côté de la station d’épuration de
Clos-de-Hilde, le site expérimental présente plusieurs atouts : 6 000 m2
permettant de comparer simultanément plusieurs procédés, et notamment 3
types de ZRV et 2 types d’eau à dépolluer, et ce, à une échelle
semi-industrielle pour obtenir des résultats opérationnels.
Quel que
soit son type, une zone de rejet végétalisée repose toujours sur les
interactions entre les 3 compartiments qui la composent : l’eau, le sol
et les végétaux. C’est là toute l’originalité du site expérimental
construit à Bègles : analyser la contribution de chacun de ces 3
compartiments dans le transfert, la réduction et la rétention des
polluants, qu’ils s’agissent des paramètres majeurs, comme les matières
en suspension et les nutriments (azote, phosphore) qui provoquent
l’envasement ou l’eutrophisation ou des micropolluants, des composés
chimiques toxiques à très faibles concentrations, comme certains métaux
ou produits chimiques (pesticides, détergents, etc.) ou encore des
résidus médicamenteux. 250 micropolluants seront recherchés ; les
analyses seront réalisées par le Laboratoire de chimie des milieux
aquatiques (LAMA) d’IRSTEA Lyon-Villeurbanne et le Laboratoire de
physicochimie et de toxico-chimie de l'environnement (EPOC-LPTC) de
l’Université de Bordeaux.
Au-delà, l’étude va permettre de déterminer
les performances d’élimination de ces polluants pour 3 types de ZRV –
fossé, prairie, autres – et d’identifier et hiérarchiser les mécanismes
qui influencent le comportement des polluants. Elle permettra par
ailleurs de savoir si une ZRV peut traiter l’azote (responsable du
phénomène d’eutrophisation) en comparant l’impact d’une eau nitrifiée ou
non. Pour cela, 6 ZRV de taille semi-industrielle (2 de type "prairie",
2 de type "fossé", 2 de type "autres") ont été conçues et instrumentées
par IRSTEA. L’ensemble de la biostation est équipé de systèmes de
prélèvements permanents de l’eau en surface et dans le sol. Des capteurs
mesurent également les débits et les qualités d’eau en surface et les
écoulements de l’eau dans le sol. Ce suivi est complété de campagnes
d’échantillonnage et d’analyse des dépôts de matières en suspension, du
sol et des végétaux, qui seront réalisées notamment par le Laboratoire
de biogénèse membranaire de l’Université de Bordeaux.
Avec
l’inauguration du site, c’est un suivi à la loupe de 3 ans qui débute.
Trois ans pour mettre au jour le fonctionnement précis des ZRV tout en
tenant compte de leur caractère évolutif (développement des végétaux et
des bactéries dans le sol). Le projet permettra aussi d’étudier le
vieillissement de ces ouvrages et en particulier le maintien de leurs
performances lors de l’accumulation des matières en suspension qui
réduit les échanges entre l’eau en surface et l’eau du sol. Dès 2018,
des recommandations précises pourront accompagner les décideurs publics
et les gestionnaires, aujourd’hui en attente de réponses fiables, dans
la mise en œuvre de ZRV d’efficacité optimale.
|